FRANK A. PERRET
(Philadelphie, 1867 – New York 1943). Ingénieur, inventeur et entrepreneur accompli, l’américain, Frank A. Perret découvre la volcanologie à l’occasion d’un voyage en Italie où il rencontre M. R. Matteucci, directeur de l’observatoire du Vésuve.
Il le rejoint en 1906 pour se former et étudier l’éruption en cours dont il tirera une monographie remarquée. Il parcourt la planète, approfondit sa connaissance des volcans de la Sicile à Hawaï, en passant par les Canaries ou le Japon. Le 16 septembre 1929, moins de 30 ans après la catastrophe de 1902, la montagne Pelée connaît un brusque regain d’activité qui jette une population affolée sur les routes.
Convaincu par les théories d’Alfred Lacroix, Frank A. Perret débarque à la Martinique. Scientifique au parcours atypique et philanthrope, il va équiper le volcan d’outils d’analyse et de surveillance. Il joue un rôle important dans l’appréciation des risques encourus par une communauté fragilisée, à laquelle il va redonner confiance, avec lucidité.
Du musée volcanologique au Mémorial de la catastrophe de 1902
Dès son arrivée, Frank A. Perret voit l’intérêt que peut apporter un musée volcanologique à la Martinique. Sur les traces des travaux du professeur Lacroix, il souhaite continuer l’étude de la montagne Pelée et de ses éruptions, capitale pour l’avancée de la science volcanologique. Il fait appel à des donateurs privés pour les fonds et à la ville de Saint-Pierre pour le terrain. En 1933, le premier musée de l’île ouvre ses portes avec une exposition qui, outre les vestiges de la catastrophe, accorde une place importante à la volcanologie. Le bâtiment forme un volume rectangulaire simple en béton peint et d’inspiration Art déco.
Il est rénové en 1969 dans une architecture moderniste inspirée du Style international. Le nom « Musée Franck A. Perret » est alors inscrit en lettres forgées sur la façade. Un nouveau dispositif de visite libère une large surface au centre d’une pièce unique permettant d’accueillir d’importants groupes de visiteurs au moment où le tourisme de masse se développe à la Martinique.
L’intérieur du musée est rénové en 1988 lors de l’attribution du label Ville d’art et d’histoire par Saint-Pierre puis obtient l’appellation Musée de France en 2004.
En décembre 2018, il fait l’objet d’une rénovation complète dans le cadre d’une délégation de service public attribuée à la fondation Clément. La dénomination « Mémorial de la catastrophe de 1902 » vient s’ajouter au nom historique du fondateur du musée pour marquer la nouvelle orientation avec une approche plus culturelle de la catastrophe qui met en avant l’expérience vécue par les Martiniquais et son retentissement mondial.
Le nouveau projet architectural
Avec un parti architectural contemporain assumé, le projet de rénovation architectural témoigne d’une nouvelle étape dans la vie de l’institution. Son objectif est d’installer le musée dans la ville, puissant et sobre en regard de sa fonction de mémorial.
L’objectif de réouverture au public le 8 mai 2019 après seulement cinq mois de fermeture imposait, en dehors de tout critère esthétique, le recours à des matériaux simples à mettre en œuvre et à des circuits courts d’approvisionnement. Le choix du bois pour revêtir les façades en remplacement de la pierre endommagée posée lors de la rénovation de 1969 s’est imposée immédiatement. Matériau facile à approvisionner, il a été brûlé selon la technique japonaise ancestrale du shu sugi ban qui rend le bois plus résistant aux éléments et fait ici écho à l’histoire. L’esplanade et sa promenade ont été rénovées en utilisant un simple béton désactivé dont les agrégats sont issus des flancs de la montagne Pelée à Saint-Pierre et la fontaine remise en service. Le volume simple et élégant de 1969 a été conservé. Une galerie a simplement été posée sur l’ancienne rampe d’accès afin de faciliter l’accès et la circulation dans l’espace muséographique. Le musée d’inspiration Art déco à sa construction en 1933, est devenu moderne en 1969. Aujourd’hui, le bâtiment conçu par l’architecte Olivier Compère se veut résolument contemporain, avec des lignes et des formes pures, une vêture d’un beau noir qui varie selon les heures du jour, une palette de matières brutes et simples qui rentre en résonance et laisse la politesse à sa vocation de lieu mémoriel.